Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.
Corado NINGRE (LinkedIn)
Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?
Après un bac S, je me suis orienté vers un BTS Techniques Physiques pour l’Industrie et les Laboratoires (aujourd’hui intitulé Métiers de la Mesure), puis j’ai intégré l’école d’Ingénieurs Polytech Orléans, où j’ai suivi les enseignements de spécialité Matériaux et Mécanique des Structures. À l’issue de mon stage de fin d’études, j’ai choisi de continuer avec une thèse en modélisation du comportement des matériaux métalliques, à l’Université Grenoble Alpes (ED IMEP2) et au sein de Laboratoire 3SR. En fin de thèse, j’ai été embauché à Nexter Systems en tant qu’Ingénieur Simulation Mécanique.
Quelles ont été les principales raisons vous ayant motivé à faire une thèse ?
Je crois qu’à l’époque j’avais dressé une liste des avantages et inconvénients, mais avec le recul, je ne me souviens plus vraiment des inconvénients, si ce n’est peut-être le salaire, encore que certaines thèse CIFRE sont plutôt bien rémunérées. Côté avantages, je trouvais attirant de pouvoir travailler à fond sur un sujet pendant trois ans ; cela me permettait de développer des notions vues pendant mes études mais que nous n’avions pas eu le temps d’approfondir. La thèse est également une immersion dans le monde de la recherche académique, et en cela il s’agit d’une expérience unique et enrichissante. Je voyais également la thèse comme une possibilité de me démarquer sur le marché du travail, qui est de plus en plus saturé, notamment en France, par les profils bac+5.
Dans quelle mesure votre doctorat est-il un élément différenciant dans votre poste actuel ?
Sur l’aspect purement technique, le doctorat ne m’a pas énormément apporté pour mon métier actuel. Je comprends peut-être mieux certaines notions ou ce qu’il se cache derrière les logiciels, mais je ne peux pas dire que j’effectue mon travail mieux qu’un bon ingénieur. Cependant, je pense que la thèse m’a beaucoup apporté sur le plan comportemental. Je suis notamment plutôt à l’aise pour prendre du recul, écouter l’avis de chacun, confronter les points de vue... Un autre apport considérable de mon doctorat est ma compréhension du monde la recherche. Grâce à cela, je peux collaborer avec des laboratoires de recherche, créer des partenariats… Cela m’a notamment donné les clés pour monter une thèse CIFRE de A à Z.
Quels conseils donneriez-vous à un(e) étudiant(e) souhaitant se lancer dans une thèse ?
Premièrement, je lui conseillerais de trouver une thèse qui s’intègre dans son projet professionnel. De préférence une CIFRE pour aller vers l’industrie, une thèse plus académique pour aller vers l’enseignement, pourquoi pas également une thèse à l’étranger… même si rien n’est jamais figé, un projet professionnel cohérent permet de faciliter l’après-thèse. Ensuite, je lui dirais évidemment de trouver le couple sujet/équipe encadrante qui lui convient le mieux, avec quand même un focus sur le choix de l’équipe encadrante. J’ai personnellement vécu la thèse comme un travail d’équipe, et il est important d’avoir un bon feeling avec les personnes avec qui l’on va travailler pendant plusieurs années. Le sujet de thèse peut quant à lui toujours être ajusté si nécessaire.
Comment avez-vous vécu la transition entre la thèse et le travail en industrie ?
La transition a été un peu plus compliquée que ce que je pensais. Je crois que le fait de ne pas avoir fait de thèse CIFRE m’a un peu éloigné, pendant 3 ans, des enjeux et préoccupations du monde industriel, que j’avais pourtant plutôt bien appréhendé lors de mon stage de fin d’études. La plus grande difficulté a été pour moi de m’habituer au rythme relativement effréné des projets et développements. J’ai dû notamment m’adapter pour trouver des solutions à certains problèmes dans l’urgence. Dans l’industrie, il faut souvent accepter que l’on n’ait pas toutes les cartes en main ; il s’agit de prendre la meilleure décision avec les éléments que l’on connaît. Cela m’a paru frustrant au début, notamment le fait de ne pas avoir le temps d’approfondir les sujets. Avec le recul, je trouve maintenant que c’est enrichissant, car cela force à développer des approches très pragmatiques, qui viennent compléter les approches plus fondamentales abordées en thèse.
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