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Photo du rédacteurJuliette MORIN

Docteure en génie électrique et experte du système électrique de Martinique : de la recherche à l’opérationnel 


Juliette MORIN
Juliette MORIN

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview

 

 Pouvez-vous décrire le parcours qui vous a mené jusqu’au doctorat ?

Je suis entrée à l'école Centrale de Lille en 2010. Assez rapidement je me suis intéressée à l'énergie et plus particulièrement à l'électricité qui m'apparaissait comme un secteur passionnant avec des défis de taille : intégration des énergies renouvelables et des véhicules électriques ; mise en place des marchés européen en passant par les « smarts grids »... Je me souviens également de la vague de froid de février 2012 avec le record de consommation en électricité ; rappelant alors combien la fée électricité est vitale dans nos sociétés aujourd’hui !

Je me suis orientée vers la recherche progressivement mue par une envie d'approfondissement des compétences. J’ai d’abord suivi en parallèle de mon cursus d’ingénieur un master de recherche. J'ai eu la chance de réaliser un stage dans un laboratoire de recherche à Manchester en partenariat avec EDF R&D pour mon stage de fin d'étude. Le professeur qui allait devenir mon directeur de thèse m’a suivi dans ce stage, première découverte avec le monde de la recherche.

C'est lui qui m'a soumis le sujet de thèse " Coordination des moyens de réglage de la tension à l’interface réseau de distribution et de transport - Evolution du réglage temps réel de la tension dans les réseaux de distribution". Cette thèse étant en partenariat avec Enedis j’y voyais également une opportunité de découvrir à la fois le monde de la recherche et de l'entreprise sans fermer aucune porte.


Que retenez-vous de votre expérience en thèse ?

Avec le recul la thèse a été une expérience de trois ans particulièrement formatrice tant professionnellement qu’humainement, en évoluant à la frontière laboratoire (le L2EP Laboratoire d’Electrotechnique et d’Electronique de Puissance de Lille) /entreprise (Enedis) et de plusieurs domaines de compétences. C’est aussi un exercice qui demande endurance et ténacité, avec des moments difficiles de doutes et de solitude en particulier lors de la phase de rédaction du manuscrit. Je me rappelle également les déceptions lors de  réponse négtive après la soumission d’un article.

Une des leçons que je retiens est l’importance de cultiver son esprit critique et sa capacité d'analyse, et de mettre en place sur chaque sujet une méthode rigoureuse : rassembler les informations de manière exhaustive, les étudier sans idées préconçues et être capable de les restituer synthétiquement.

Elle a également nourri ma curiosité naturelle et renforcé la conviction qu’il est nécessaire de porter un regard systémique et pluridisciplinaire sur les problématiques que nous rencontrons.

Par ailleurs, je me sens honorée d’avoir travaillé avec l’équipe encadrante de ma thèse, qui m’a permis de rencontrer d’autres chercheurs également internationalement reconnus et inspirants. J’ai évolué dans un milieu plutôt masculin ; et j’ai souvent eu le sentiment de devoir prouver ma valeur, de justifier que je n’etais pas là parce que j’était une femme. Mais j’ai eu aussi la grande chance de côtoyer d'autres doctorants pas forcément dans mon domaine, ni de ma culture ce qui m'a offert un cadre stimulant et ouvert à de nombreux échanges et moments conviviaux. J’en retiens la très forte solidarité qui nous unissait.

Enfin la participation aux conférences et séminaires à l'étranger permet également de renforcer sa confiance en soi, sa prestance à l'oral et sa capacité à faire preuve de pédagogie.

Par ces éléments, je suis convaincue que l’expérience du doctorat est un atout pour ma vie professionnelle et personnelle, j’en suis fière.

 

Après votre thèse, quel a été votre parcours ?

Après ma thèse j'ai travaillé en tant que chercheuse pendant 6 ans chez EDF R&D sur des problématiques très diverses et toujours orientées sur le fonctionnement des systèmes électriques. La thèse était un véritable atout dans ce cadre professionnel où j’ai pu travailler sur des perspectives directes de mes travaux de doctorat. J’ai pu mener à la fois des travaux de recherche tout en travaillant également pour les métiers d’EDF, ouvrant à de nombreux domaines.  

Aujourd'hui je vis en outre-mer et je suis experte du système électrique de Martinique, bien loin de la recherche ! Pourtant, je continue d'apprendre chaque jour de mes collègues et je découvre sous un angle plus concret le fonctionnement d'un système électrique.

Un sujet passionnant sur lequel je travaille est le retour d'expérience sur les incidents de grande ampleur pour lequel les compétences et méthodes apprises pendant mon doctorat trouvent leur place !

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