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La thèse : transformation de l’étudiant à l’ingénieur


Mickaël POCHERON
Mickaël POCHERON

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.

 

Pourriez-vous présenter votre parcours ?

J’ai fait l’école d’ingénieur ENSCBP (Ecole Nationale Supérieure de Chimie Biologie et Physique à Bordeaux) qui s’appelle maintenant l’ENSMAC avec la spécialité « Matériaux pour l’énergie » en 3èmeannée. J’ai eu l’occasion d’effectuer 2 stages à l’étranger. Le premier en entreprise en R&D chez Akzo Nobel aux Pays Bas (autour des matériaux tensioactifs) et le 2eme en recherche à l’Université de Manchester en Angleterre (autour des matériaux thermoélectriques). Ces 2 stages m’ont donné le goût d’un métier autour des aspects techniques des matériaux mais avec une préférence pour le lien avec l’entreprise. Cependant, je ne me sentais pas prêt à postuler dans une boite tout de suite. Je me suis orienté vers une thèse CIFRE afin de pouvoir travailler en longueur sur un projet de recherche en lien avec une problématique d’une entreprise et pouvoir petit à petit me familiariser avec le monde professionnel et ses attentes.

 

Quel était votre sujet de thèse et en quoi consiste-t-il ?

Ma thèse s’est déroulée au laboratoire de l’Intégration du Matériau au Système (IMS), à Bordeaux. C’était une thèse CIFRE pour l’entreprise Schlumberger qui consistait à étudier la fiabilité de différents matériaux nécessaires à la connexion de composants sur des cartes électroniques pour des applications hautes températures (ce sont des brasures pour les connaisseurs).

 

Qu’est-ce que vous a apporté la thèse ?

Avant de réaliser ma thèse, j’étais vraiment en mode « étudiant » et j’avais du mal à imaginer ce que représentait le travail technique sur plusieurs années. Jusqu’ici ma référence étaient les TP d’une journée ou bien le stage de quelques mois. La thèse m’a vraiment permis de basculer vers le mode « ingénieur » en apprenant à maitriser une problématique sur 3 ans. Donc à répondre à un cahier des charges (ici académique et industriel), à planifier les activités (biblio, plan d’expérience, analyse, compilation des résultats, décider des étapes supplémentaires,…) et à faire un reporting régulier à deux managers (l’un académique, l’autre industriel). Cela permet vraiment de se rendre compte du fonctionnement d’un projet technique proposé par une entreprise de A à Z. Cela m’a permis d'améliorer mes capacités d’organisation, de communication, d’esprit d’équipe, de gestion des imprévues, d’adaptation, de rédaction qui sont essentielles pour la vie professionnelle. De plus, la thèse permet de se rendre compte si l’on est plus intéressé par la technique ou bien la gestion de projet, par le travail en solitaire ou en équipe.  Elle permet aussi de se spécialiser dans un domaine qui peut faciliter les embauches et prouver à un recruteur de capacités d’autonomie et d’organisation. C’est ce qu’il s’est passé pour moi.

 

Quel poste occupez-vous aujourd’hui?

Suite à la thèse, j’ai obtenu tout de suite un poste d’ingénieur Packaging, Fiabilité et Simulation numérique chez Microsemi (maintenant Microchip) à Bordeaux. J’y suis resté 3 ans et mes missions étaient de qualifier de nouveaux matériaux utilisés dans les produits finis et de garantir leur fiabilité au moyen d’essais et de modélisation. Souhaitant me rapprocher de la Bourgogne d’où je suis originaire, j’ai eu la chance d’être contacté par l’entreprise STMicroelectronics à Grenoble pour un poste d’Ingénieur Qualité Back-end. Les missions consistaient à qualifier de nouveaux produits (le packaging autour des puces) dans le secteur des capteurs d’images. Je suis resté 3 ans à ce poste. Une opportunité de carrière s’est présentée il y a 2 ans et j’ai fait une mobilité interne pour prendre un poste d’Ingénieur Qualité Support client où je manage une petite équipe de 3 personnes (2 ingénieurs et 1 technicien). Nos missions sont d’analyser en laboratoire les produits renvoyés par les clients de ST car non fonctionnels. Suivant nos investigations, il y a 2 scénarios : on prouve que c’est le client qui a « cassé » le produit et nous lui fournissons un rapport pour lui expliquer ce qui a dû se passer afin qu’il s’améliore chez lui. Ou bien une erreur dans notre process de fabrication est la cause de la défaillance et nous sommes garants des actions correctrices pour que le problème n’arrive plus et que le client continue de nous faire confiance et achète nos produits.


Quels conseils donneriez-vous à un étudiant souhaitant se lancer dans une thèse ?

Je lui dirai que les aspects financement ne sont pas à négliger. Comment faire une thèse s’il n’y a pas d’argent pour faire les manips. Le risque sera moindre dans une thèse CIFRE car l’entreprise participe au financement.

Un autre conseil serait de contacter des thésards du laboratoire ou de la société pour savoir comment se passe leur thèse, l’encadrement ou encore les conditions de travail.

Enfin, je lui demanderai de réfléchir s’il a de bonnes capacités d’organisation car il y a pas mal de tâches à gérer en autonomie.

 

 

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