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Laurent PARMENTIER, Data Scientist at OVH


Personne n'y aurait cru, et pourtant... Détermination et motivation sont les clés de ma réussite. Qui a dit qu'il fallait être majeur de promo ?



Pourriez-vous présenter votre parcours ?

Honnêtement, mon début de parcours a été relativement chaotique : en version courte, on a voulu me faire redoubler ma 4ème au collège (que j'ai refusé), ce qui aura tout de même donné lieu au redoublement de ma 3ème, bien que j'avais obtenu mon brevet. Redoublement qui m'aura permis de passer d'une moyenne de 10 a 10.5, tout juste de quoi passer en 2nd générale. Ensuite j'ai demandé de faire un bac S (scientifique), car c'était la seule voie "royale" pour garantir un job dans le développement de logiciels. Ma demande a été refusée par mon professeur principal ainsi que par le directeur de l'école (moyenne trop basse). En dernier recours, j'étais passé devant une commission d'un autre institut qui a fini par valider ma demande de passage en S (j'avais une bonne argumentation, ainsi qu'une démarche très cohérente). Bref, cela aura été compliqué, mais j'ai finalement réussi à obtenir mon bac... aux rattrapages 😂 !

Suite à cela, j'ai appris de mes erreurs, je n'étais pas prêt à étudier des matières trop généralistes/abstraites, mais j'avais le background minimum pour aller sur les cursus en lien avec le développement logiciel. Ainsi, j'ai fait un DUT informatique. Là c'était l'éclate, j'étais dans mon élément (programmation en C, script shells, un peu d'Erlang, du Cobol, SQL, etc.), c'était très varié, plus terre à terre par rapport à mes aspirations, et le tout avec des professeurs passionnés. Cet élan de motivation et d'intérêt m'a propulsé dans le premier quart de la promo (bien loin du dernier/avant-dernier au collège/lycée), et ça m'a permis de rejoindre une école d'ingénieurs. Pareil, je me suis éclaté tout le long, j'avais juste un peu de regret d'avoir des lacunes en math/physique (théorie de la mesure, transformés de fourriers, etc.) face à ceux qui viennent de prépa pour qui les formules étaient intuitives. Une fois que j'avais fini l'école, j'étais resté un peu sur ma faim. On avait étudié certains algorithmes d'IA (génétique, perceptron), mais de manière très sommaire, du coup, je voulais en savoir plus. Ainsi, j'ai fait des cours de ML (Machine Learning/Apprentissage Automatique) sur Coursera, mais j'étais encore trop insatisfait, je me posais pleins de questions (pourquoi tel algorithme plutôt qu'une autre, comment on sait la valeur à spécifier dans tel hyper-paramètre, quelle métrique de performance utiliser, etc). C'est pourquoi j'ai cherché à me rapprocher d'équipe/projects en lien avec l'IA (principalement du ML, car c'est la demande de nos temps) dans le but de me faire de l'expérience, chose faite en rejoignant OVH, qui était à la genèse de développement d'un AutoML. Cependant, je n'étais pas très intéressé par l'aspect "ingénierie" (qui consistait essentiellement à développer un produit ou un dashboard facilitant l'utilisation du ML pour les utilisateurs) mais par "l'intelligence" sous-jacente du système, c-a-d le cœur de l'optimisation : comment prend-il des décisions face à un problème (combinatoire) où l'espace peut facilement croître de manière exponentiel. D'où mon implication dans une thèse sur le sujet.

Que retenez-vous de votre expérience en thèse CIFRE ?

La CIFRE a plusieurs avantages, car on a un pied dans l'entreprise et l'autre dans un laboratoire (ou un institut public de recherche). Cela permet de faire de la R&D "applicable" sur du court/moyen terme, parce que l'entreprise souhaite tout de même que ça reste utilisable à un certain point. En plus de cela, on peut avoir un salaire pour vivre (les études c'est bien, mais il faut aussi pouvoir se nourrir et se faire des plaisirs de temps en temps). Le suivi permet également de faire un échange entre les deux milieux (d'un côté un manager/encadrant du côté de l'entreprise, et de l'autre côté le/la directeur/directrice pour le côté recherche), ce qui est très enrichissant pour voir comment chacun conçoit l'évolution de la solution face à un problème. Ce que j'en retiens c'est qu'il faut apprendre à jongler entre les deux mondes, afin de constamment rester sur un juste équilibre dans les attentes de chacun.

Quel poste occupez-vous actuellement et quel est l'apport du doctorat ? Actuellement je suis data scientist (voir plutôt MLOps) chez OVH. L'apport du doctorat va dépendre d'une personne à l'autre, mais dans mon cas, il y en a plusieurs dont je ne voudrais plus me passer aujourd'hui. Grâce à la thèse je me sens capable de lire et de comprendre les papiers de recherches. Ce qui est super palpitant quand on se dit qu'on va lire quelque chose qui n'a jamais été fait (à priori), qui est certainement nouveau. Ou lire quelque chose qui compare l'existant, ou encore propose une vision alternative à la manière dont un problème est résolu. Cela permet aussi de se positionner (grâce à la connaissance de l'état de l'art), afin de proposer quelque chose de nouveau, qui par ailleurs sera relue par des paires (validant la nouveauté, et exigeant d'être concis et précis dans la rédaction !). J'ai aussi appris que je ne serai pas Einstein. Les avancées majeures sont très rares, et pas forcément les plus complexes. Les avancés mineures, qui sont par ailleurs souvent inutilisées, restent pédagogiquement utiles (solution alternative, autre manière de voir les choses). Je pense et j'espère qu'on apprend tous à devenir humble, car au fil des lectures, on se rend compte qu'on ne connaît pas grand-chose au final. On apprend aussi à continuellement se remettre en question (fiabilité des résultats, conséquence sur le changement d'une variable, sur le changement de l'environnement, etc.). Ce qui permet en parallèle d'être plus exigeant avec ses affirmations. La thèse apporte également une expertise unique qui peut être très utile pour l'entreprise, dans mon cas, c'est le dépôt de brevets et la capacité à optimiser des projets R&D. Quels conseils pour un étudiant qui hésite à se lancer dans une thèse ? Quelle est ta motivation primaire ? D'après moi, voici une petite série de questions qui peuvent t'aider à te lancer ou non. - Tu veux faire de la recherche toute ta vie ? thèse ! - De base tu te poses beaucoup de questions ? thèse. Tu vas apprendre à y répondre, et très certainement permettre d'enrichir la connaissance avec de nouvelles questions que d'autres ne s'imaginaient pas. Ou bien tu vas peut-être tomber sur des personnes qui se posent les mêmes questions que toi, génial pour en débattre avec des points de vue différents. - Le monde ne te comprend pas ou tu ne comprends pas le monde ? thèse. - Tu as l'impression de tout savoir, d'être le meilleur ? thèse ! viens faire avancer l'état de l'art. Au passage, tu réaliseras très probablement que tu n'es qu'un optimum local, et en plus que sur un seul domaine. - Tu veux avoir une capacité de travail internationale ? thèse: tu vas t'enrichir de connaissance, que tu peux potentiellement enseigner/partager dans n'importe quel université dans le monde (ofc, faire en anglais a minima). - Tu veux juste savoir lire des papiers de recherche ? Savoir ce qui se fait dans la recherche ? pas de thèse. Cela peut s'apprendre sur le tas. Par contre, quand tu es doctorant c'est pratique, car tu as du temps à consacrer pour ça, en effet ça fait partie de ton travail. - Tu veux un gros salaire ? ABORT, pas de thèse ! Peut-être cela changera avec le temps, mais de nos jours, il vaut mieux être directeur/manager/chef de projet, ou lancer sa boite - Tu détestes la critique (positive) et les remarques ? pas de thèse ! C'est quand même beaucoup de débat et d'échange. Il faut prouver, argumenter, et convaincre. Si c'est dans ta nature, alors ça va le faire, sinon il va falloir l'accepter ! - Je suis trop nul, impossible de faire une thèse ! Retourne lire mon parcours. Si tu as la motivation, ça va le faire !

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