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Rémi VICENTE, Docteur en R&D optique et instrumentation spatiale, Prix de thèse innovation de l’UGA



Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Pourriez-vous présenter votre parcours ?

J’ai effectué le gros de mes études à Toulouse. Après avoir passé ma licence de physique fondamentale à l’Université Paul Sabatier et entamé un master en physique de la matière plutôt théorique, je me suis rendu compte que je préférais la physique appliquée et l’ingénierie instrumentale. J’ai donc rejoint le M2 « Ingénierie du diagnostic, de l’instrumentation et de la mesure », qui m’a permis de réaliser un stage de fin d’études passionnant au Centre National d’Études Spatiales. Au CNES, j’ai travaillé sur l’étude des performances de l’instrument spatial X-IFU sur le futur satellite ATHENA. Ce stage m’a véritablement communiqué le goût pour le spatial, un secteur que j’aime car il est perpétuellement en évolution technologique et plein de challenges.

Par la suite, j’ai été recruté en thèse CIFRE chez Air Liquide Advanced Technologies et l’Institut Néel - CNRS, à Grenoble. Mon travail consistait à réaliser le développement et la démonstration d’un système de refroidissement spatial complètement nouveau, le cryo-refroidisseur laser. La démonstration de cette technologie, une première en Europe, a été un réel succès pour notre équipe et m’a valu le prix de thèse innovation 2022 de l’Université Grenoble Alpes. Cela a été un véritable honneur pour moi de recevoir la distinction du monde académique et j’aimerais remercier une fois de plus mes directeurs de thèse, tous les collègues impliqués ainsi que le support technologique du CNRS sans qui ce travail n’aurait pas été possible.


Pourriez-vous brièvement décrire en quoi votre sujet de thèse est innovant ?

L’observation satellitaire de la Terre dans le domaine infrarouge permet de nombreuses applications (météo, observation des gas à effets de serre, agriculture, défense). Par contre, les capteurs les plus performants dans cette gamme nécessitent d’être refroidis à des températures cryogéniques (inférieures à 150 K, soit -120 °C). Jusqu’à présent, les machines utilisées pour refroidir à ces températures utilisaient des pièces en mouvement qui exportent des vibrations vers le capteur et peuvent donc dégrader les performances des instruments spatiaux.

Nous avons conçu et démontré une machine frigorifique basée sur le refroidissement optique dans les cristaux dopés terres-rares. L’innovation réside dans la méthode tout optique, miniature et sans vibrations du dispositif, suffisamment efficace pour descendre aux températures cryogéniques. À terme, cette innovation de rupture permettrait de refroidir des instruments spatiaux très sensibles aux vibrations, d’une façon fiable et très compacte.


Pourquoi avez-vous décidé d’effectuer une thèse CIFRE ?

À l’issue de mon master, j’étais en recherche d’emploi. Je m’orientais plutôt vers un poste d’ingénieur mais je n’étais pas fermé à l’idée de faire une thèse, qui permet d’approfondir un nouveau sujet sur le long terme. En outre, j’avais rencontré plusieurs ingénieurs qui étaient également docteurs et qui m’avaient conseillé de m’orienter dans cette voie. J’ai eu beaucoup de chance de trouver cette offre de thèse en adéquation avec mon profil, un peu par hasard en parcourant les offres d’emploi tout les jours. J’ai tout de suite accroché au sujet, et le jour de l’entretien avec mes futurs directeurs de thèse j’étais tellement motivé que j’avais déjà lu plusieurs articles sur le domaine !

Finalement, la thèse CIFRE a été le cadre idéal pour moi car elle permettait de concilier le côté R&D de pointe avec le monde de l’entreprise.


Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?

Je lui conseillerai premièrement de choisir un sujet qui puisse le passionner. Ensuite, d’avoir de la ténacité et de toujours garder en soi la curiosité technique et scientifique, des qualités qui me semblent essentielles pour mener à bien une thèse. La thèse n’est pas un travail facile. C’est un marathon sur 3 ans pendant lequel il faut tenir le cap, monter en compétences, et qui débouche sur une longue rédaction d’un manuscrit de 200 pages.

En retour, faire une thèse est une aventure très enrichissante que je n’hésiterais pas à refaire ! Elle permet de se construire tant humainement que professionnellement, ainsi que d’acquérir de solides capacités de travail et de réflexion, d’autonomie, d’adaptation. En somme des « softs skills » fondamentaux dans le monde du travail !

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