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Simon TARABON, Ingénieur-écologue et Docteur en écologie du paysage chez Ubiquiste



Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Quel est le parcours qui vous a orienté vers la thèse et la recherche ?

La formation pluridisciplinaire en Génie de l’aménagement et de l’environnement suivie à l’école polytechnique de l’université de Tours a été un précurseur de l’intérêt porté au monde académique. La spécialisation de mon cursus en Aménagement Durable et Génie Écologique (ADAGE) m’a amené à questionner les choix d’aménagement de nos territoires par des processus de modélisation. J’ai notamment étudié l’impact du changement climatique et des structures paysagères sur la dispersion en France de différentes espèces exotiques envahissantes1.


Vous avez effectué une thèse sous financement Cifre, quels sont les avantages ?

J’ai rapidement constaté lors de ma première expérience professionnelle qu’il existait un certain gap entre le monde opérationnel et le monde académique. Les méthodologies d’évaluation des projets par les praticiens sont pour la plupart développées au cas par cas et/ou sans pouvoir continuellement se renouveler au grès des travaux scientifiques récents. La question des fonctionnalités écologiques et la démonstration de l’équivalence écologique sur cette composante fonctionnelle particulièrement souffrent de lacunes méthodologiques. La réglementation européenne comme nationale impose un cadre législatif afin d’éviter, de réduire et en dernier recours de compenser les atteintes à l’environnement et à la biodiversité, mais la question des réseaux écologiques reste encore peu abordée. C’est ce constat m’a permis de co-construire un sujet de thèse sous la forme d’une Cifre (Convention industrielle de formation par la recherche) tripartite (Nota 2) formalisée en 2017. La Cifre présente des avantages inestimables selon moi. Je pense notamment à celui de pouvoir contribuer au partage des connaissances et des outils novateurs entre le monde académique et les autres acteurs en tenant compte de certaines réalités opérationnelles. Elle permet également de développer la R&D dans les entreprises de toute taille et favoriser de facto la concurrence. Enfin, se forger une expérience en entreprise permet souvent, pour les docteur.es ne souhaitant pas forcément continuer dans le monde académique ou de la recherche, de ne pas être discriminé.es à l’embauche à la suite de la thèse.


Quels sont les défis environnementaux auxquels vous répondez aujourd’hui ?

Ce bagage à la fois scientifique et pratique me permet aujourd’hui d’appréhender sous différents prismes la biodiversité et le fonctionnement des réseaux écologiques dans les études opérationnelles. Nous devons prendre en compte plus systématiquement ces sujets dans les projets pour repenser la façon de concevoir nos territoires. C'est au cœur de nos villes, de nos infrastructures de transport, de nos paysages cultivés et naturels que tout se joue.


Vous avez remporté en 2020 le prix Jeune Chercheur de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Qu’est-ce qui a motivé selon vous le jury à vous décerner ce prix ?

La société Enedis, partenaire du prix Jeune Chercheur, a dû trancher entre plusieurs projets retenus par les membres du Conseil scientifique de la FRB. Enedis, comme tous les maîtres d’ouvrage, est régulièrement confronté à l’application de la séquence ERC. La question des fonctionnalités écologiques s’impose également de manière croissante, l’Autorité Environnementale étant de plus en plus vigilante et exigeante. Force est de constater une nouvelle fois que les porteurs de projet, et les bureaux d’études qui les accompagnent, manquent cruellement de méthodologies pratiques pour évaluer les effets des projets et des mesures prises en faveur de la biodiversité. L’innovation permet d’apporter des réponses scientifiques sur un sujet d’actualité en plein développement. La démarche est bien de concilier le maintien de la biodiversité avec le développement durable de nos territoires.


Pouvez-vous nous parler de votre activité professionnelle actuelle ?

À la suite de ma thèse, j’ai souhaité mettre en avant cette expertise en tant qu’indépendant. Cela m’a offert de nombreuses opportunités et plusieurs partenariats, qui ont finalement débouché sur la création d’un bureau d’études, de conseil et d’ingénierie écologique. L’objectif que je m’étais fixé était de coupler opérationnalité (diagnostic de la biodiversité, proposition de mesures adaptées, évaluation des projets, etc.) et recherche appliquée (amélioration des méthodes et outils, valorisation scientifique, etc.). J’ai ainsi la chance aujourd’hui de pouvoir diriger et travailler différentes études, toutes aussi variées et riches les unes que les autres : étude stratégique de l’amélioration des continuités écologiques de réseaux autoroutiers (Sanef, VINCI Autoroutes, etc.), conseil en génie écologique pour le développement d’un outil d’analyse de données de biodiversité (Icade Innovation), évaluation de la trame turquoise de l’Essonne par l’usage de modèles multi-habitats (LADYSS/CNRS/Graphab), ou encore, accompagnement technique et scientifique pour le développement d’une extension QGis ERC/TVB (INRAE/Centre de ressource Trame Verte et Bleue).


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Nota1: Projet mené avec partenariat avec l’ÉSAD de l’Université Laval du Québec et les laboratoires de recherche de la Station d’Écologie Expérimentale du CNRS à Moulis (SEEM) et CITERES (CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés, Université de Tours).
Nota 2: Thèse en contrat CIFRE (ANRT), réalisée chez Soberco Environnement entre 2017 et 2020 en partenariat avec les laboratoires de recherche IMBE (Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, Avignon Université) et CITERES. Les missions étaient partagées entre la recherche (70%) et les missions propres au bureau d’études (30%).
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