La thèse, ce tremplin vers la recherche industrielle comme académique
- Marjolaine SAZERAT
- 26 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 mai

Merci pour le témoignage
Peux-tu nous présenter ton parcours et pourquoi as-tu décidé de faire une thèse ?
Après 2 ans de classe préparatoire au Lycée Pothier (Orléans), j’ai intégré l’école d’ingénieur IMT Mines Albi. Les premiers cours ont été généralistes, puis j’ai choisi de m’orienter vers la spécialisation « Matériaux et procédés pour l'aéronautique et le spatial ». Je suis ensuite partie en double diplôme à Moscou, à la National University of Science and Technology MISiS, pour y obtenir un Master of Science en métallurgie. Après cela, pour être honnête, je n’avais pas du tout en tête l’idée de poursuivre en doctorat. Diplômée ingénieure en 2020, en pleine crise COVID-19, le marché de l’emploi était très restreint. Quelques mois de recherche active plus tard, je me suis peu à peu ouverte à cette possibilité, et surtout, je suis tombée sur un sujet qui me passionnait et sur lequel je me voyais travailler 3 ans facilement ! C’est ainsi que j’ai rejoint l’ISAE-ENSMA (Poitiers), et plus particulièrement l’Institut P’, pour ma thèse.
En quoi consiste ta thèse en quelques mots ?
Mes travaux, en partenariat avec Safran Aircraft Engines, ont porté sur la réparation de composants de moteurs d’avions avec un procédé de fabrication additive, ou impression 3D métallique. Il s’agit d’une technique dite arc-fil (WAAM), dérivée du soudage, où un fil métallique est fondu à l’aide d’un arc électrique pour déposer successivement, sous forme de couches, des cordons les uns sur les autres. On redonne alors à la pièce endommagée ses dimensions initiales. L’alliage d’étude était un superalliage base nickel, et je me suis attachée à l’analyse de sa microstructure, de ses propriétés mécaniques et son vieillissement métallurgique. Tout cela a permis de valider l’intérêt industriel d’utiliser ce procédé pour la réparation de pièces aéronautiques de grande taille.
Après ta thèse, quel a été ton parcours ?
En sortie de thèse, j’ai intégré un grand groupe industriel en tant qu’ingénieure matériaux & procédés spécialisée en fabrication additive. L’opportunité s’est présentée tout naturellement, en raison de la nature industrielle et applicative de mon sujet de thèse. Je suis restée un an à ce poste, avant de choisir de revenir dans le secteur académique. Cette expérience m’aura permis de découvrir pleinement le monde de la R&D en entreprise, mais aussi d’en voir les limitations. Depuis quelques semaines maintenant, j’ai rejoint le Laboratoire de Mécanique des Solides (LMS) à l’Ecole Polytechnique en tant que chercheuse postdoctorale. Mes thématiques de recherche restent très centrées sur la fabrication additive, mais je vais avoir l’occasion d’étudier des matériaux et des procédés différents, avec des expériences très innovantes !
Que retiens-tu de ton expérience en thèse ?
Bien que non prévue initialement, je ne regrette absolument pas cette aventure à la fois scientifique et humaine. A la fin de sa thèse, on devient littéralement l’expert de son propre domaine, souvent très précis et niche certes, mais il y a beaucoup de satisfaction à cela. On intègre une communauté de chercheurs, on a souvent fait de belles rencontres, et on se voit grandir tout le long. Même s’il y a eu quelques périodes difficiles (la rédaction notamment, mais on y survit tous !), c’est une grande fierté d’en venir à bout, et on ne finit par retenir que le positif : les moments de convivialité, les conférences internationales (et les voyages associés).... Et cela mène ensuite à des opportunités multiples et variées, que ce soit dans la recherche académique ou dans l’industrie. C’est, dans tous les cas, un énorme bagage pour la suite. On en ressort avec une méthodologie de travail, un esprit critique, et une curiosité toujours plus aiguisée. L’un de mes encadrants disait souvent « si j’avais le temps, je ferais bien une deuxième thèse ». Et si je le trouvais insensé au début, je comprends presque maintenant !
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