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LA THÈSE : UN CHALLENGE DONT ON SORT GRANDI


Cyril NANA

Senior Consultant Physical and Mechanical Engineering, Acoustics

Capgemini Engineering

Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview


Pourriez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a motivé à faire une thèse ?

J’ai grandi à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, terre de grands défis d’ingénierie avec la construction navale et aéronautique.

J’ai toujours aimé pousser la réflexion au maximum, savoir le pourquoi et le comment des choses.

Après un DEUG et une licence de Physique à l’Université de Nantes, j’ai suivi le master Ingénierie Mécanique et Acoustique (IMA) de l’Université du Mans.

Au départ, je me destinais à suivre le master pro en 2ème année mais le stage de fin de première année en thermoacoustique m’a fait prendre le chemin du master recherche. J’ai réalisé que le travail de laboratoire me passionnait. J’ai donc décidé de poursuivre dans la voie académique et de postuler à une thèse. Le master IMA est très complet et donne une bonne vision des différentes disciplines de l’acoustique.

Au lycée, je rêvais de devenir ingénieur en aéronautique, la proximité immédiate d’Airbus y étant sûrement pour quelque chose.

J’étais également très attiré par l’acoustique en tant que musicien.

Au Mans, j’ai découvert le compromis parfait entre mes 2 centres d’intérêt : l’aéroacoustique.

J’ai donc commencé un doctorat en aéroacoustique en 2008 au Laboratoire d’Études Aérodynamiques de Poitiers (devenu institut PPRIME) au sein de l’École Nationale Supérieure d’Ingénieurs de Poitiers (ENSIP). Cette thèse en aéroacoustique numérique était financée par la région Poitou-Charentes. Parallèlement, j’ai pu enseigner en tant que moniteur à l’ENSIP et également en tant qu’Attaché Temporaire à l’Enseignement et la Recherche (ATER) à l’École Nationale Supérieure de Mécanique et d’Aérotechnique (ISAE-ENSMA). Ainsi j’intégrais pleinement le monde de la recherche ainsi que celui de l’aéronautique.

Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter le monde de la recherche académique ?

En 2014, j’entamais un post-doc de 2 ans à Toulouse à l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE-Supaéro), véritable référence mondiale de la formation et la recherche en aéronautique. L’occasion m’était donnée via un financement de la DGA de réduire le bruit des rotors de drone, un domaine en plein essor.

Ayant obtenu ma qualification de Maître de Conférence, je me présentais sans succès aux différents concours. L’année 2016 voyait mon post-doc se terminer. Cela faisait presque 4 ans que j’avais soutenu ma thèse de doctorat. J’arrivais à un tournant : devais-je poursuivre sur la voie académique avec ses incertitudes, voguant de ville en ville, de contrat en contrat ou intégrer le monde de l’entreprise ? Toulouse est une terre d’opportunités pour quiconque s’intéresse à l’aéronautique. Les défis à y relever sont nombreux et passionnants. C’est ainsi que rejoignais les équipes d’Altran (plus tard racheté par Capgemini pour devenir Capgemini Engineering).

J’ai alors découvert un monde loin des idées reçues. J’ai pu continuer la recherche sur des sujets passionnants de R&D pour des clients importants ainsi qu’en interne avec des partenariats avec les écoles et laboratoires.

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ? Si vous voulez poursuivre une carrière académique, le choix de la thèse est très important. Ne vous focalisez pas uniquement sur le sujet mais renseignez-vous bien sur l’encadrement.

Regardez qui encadre le sujet, quels chercheurs, quel laboratoire et essayez de savoir s’ils publient beaucoup, s’ils ont de nombreuses collaborations car cela vous donnera un bon départ dans le monde académique. Si vous voulez plutôt poursuivre dans le privé, les thèses financées par une entreprise (CIFRE) sont le meilleur point de départ. Le sujet doit vous plaire mais ne doit pas être l’argument premier dans votre choix au risque d’être plus difficilement valorisable.


Qu’est-ce que la thèse vous a apporté d’un point de vue professionnel et personnel ?

D’un point de vue professionnel, la thèse m’a apporté de l’autonomie (savoir chercher efficacement la bonne information, les bons outils), des compétences en programmation, des connaissances approfondies dans mon domaine et un réseau actif de chercheurs.

Du point de vue personnel, la thèse représente un challenge dont on sort grandi. Il faut savoir se dépasser, surmonter les déceptions pour mieux accueillir les réussites. La thèse c’est s’investir à 2000% dans un projet sur une longue durée. Il est rare voire impossible de trouver d’équivalent si engageant par la suite à moins de devenir entrepreneur (cela peut justement constituer un premier pas dans cette direction).

La thèse apprend à poser les problèmes et à regarder les choses d’une manière plus globale, à ne pas négliger l’historique car la bibliographie est une part essentielle du travail de recherche même si elle est souvent dénigrée, et à innover, à avoir l’esprit créatif pour résoudre un problème complexe.



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