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Romain BEAUVAIS, Ph.D, Ingénieur en Acoustique chez WAVELY.


Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Quel est votre parcours avant le doctorat ? Après un baccalauréat scientifique, je me suis orienté vers une formation en Génie civil. Toutefois, j’ai vite compris que cette voie ne m’intéressait pas et j’ai décidé de me réorienter. Je n’avais alors pas d’idée précise de réorientation mais la lutherie était un domaine qui m’avait toujours fasciné. J’ai eu alors l’opportunité de faire un stage de découverte d’une semaine chez le luthier/archetier Michel Jouanneaux. Lors de ce stage, j’ai appris l’existence de travaux collaboratifs entre universitaires et luthiers, notamment au Mans avec le LAUM (Laboratoire d’Acoustique de L’Université du Mans) et l’ITEMM (Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique). J’ai alors décidé de me réorienter en Licence puis en Master d’Acoustique à l’Université du Mans. Ce cursus est d’une grande richesse scientifique, car nous avons la possibilité de travailler sur tous les domaines de la mécanique ondulatoire : acoustique des salles, électroacoustique, modélisation numérique, propagation dans les solides, traitement du signal, optoacoustique, mécanique des fluides, vibroacoustique, psychoacoustique … Cette diversité de domaines d’apprentissages est de plus complétée par des travaux expérimentaux de mise en pratique très avancés grâce aux infrastructures fournies par le LAUM.

Quelles étaient vos motivations pour entamer votre thèse ? Dans ce contexte, j’ai naturellement voulu découvrir la vie d’un chercheur en laboratoire. Pour cela, j’ai décidé, lors de mon cursus, de faire des stages optionnels dans différents laboratoires de recherche. J’ai eu la chance de pouvoir faire en fin de licence, un stage d’un mois au sein du LAM (Lutherie Acoustique Musique), un laboratoire de recherche en acoustique musicale rattaché à l’UPMC (Université Pierre et Marie Curie). J’ai travaillé sur la thèse de Cédrik Erbsen, portant sur la réalisation d'un système similaire à la « talk-box » intégrée dans certains synthétiseurs analogiques, mais fonctionnant de manière non intrusive. J’ai également eu l'opportunité en fin de 1ère année de Master, de travailler au sein de l’Institut Langevin (Ondes et images) rattaché à l’ESPCI Paris, sur un stage de mesures de la propagation d’ondes de Lamb dans les plaques. Le principe était de mesurer par méthode LASER et simuler numériquement la propagation d’ondes dans une plaque, creusée de telle sorte que l’onde se focalise dans un endroit spécifique de la plaque (effet similaire à la lentille fisheye en optique). Ce travail à notamment donné lieu à mon 1er article scientifique en tant que 3ème auteur. Grâce à ces stages, j’ai choisi l’option « Recherche » en 2ème année de Master, offrant le bagage théorique nécessaire pour poursuivre sur un doctorat. Au cours de cette l’année, j’ai contacté Joël Gilbert, directeur de recherche spécialisé en acoustique musicale au LAUM et futur directeur de ma thèse, qui m’a proposé de réaliser mon stage de fin d’étude dans le laboratoire d’acoustique musicale de l’Université D’Edimbourg, avec qui il collaborait. Ce stage portait sur la modélisation du comportement acoustique menant au « cuivrage » du son d’un trombone à coulisse. Cette expérience de 5 mois dans ce laboratoire m’a permis de rencontrer et de discuter avec de nombreux chercheurs, et m’a convaincu de poursuivre sur un doctorat.

Pourquoi ce sujet ? Par l'intermédiaire de Joël Gilbert, j’ai eu l’opportunité de commencer ma thèse en contrat CIFRE avec l’entreprise SIM Engineering basée près de Lille. Ma thèse portait sur des sujets similaires à mon stage de fin d’étude, mais appliqués à des problématiques industrielles, c’est-à-dire : « modéliser la propagation d’ondes à très fort niveau acoustique dans des tuyauteries industrielles ». En effet, de manière similaire aux trombones, le comportement acoustique dans les tuyauteries industrielles n’est pas le même si la pression acoustique est faible ou élevée. L’augmentation progressive de ces niveaux de pression liée aux développements industriels rendait obsolète les modèles numériques initialement utilisés. Mon travail était donc de développer un modèle numérique adapté, portant sur la continuité de mon travail de stage.

Pourquoi avez-vous souhaité obtenir un doctorat? Travailler en tant que doctorant est pour moi une expérience unique. C’est la seule période de la vie où on te donne la possibilité de consacrer la grande majorité de ton temps à des travaux de recherche qui t’intéressent. La thèse donne également l’opportunité de voyager dans de nombreux événements scientifiques (congrès, colloques, écoles d’été, journées des jeunes chercheurs …), offrant la possibilité de rencontrer un grand nombre d'acteurs du domaine, en France comme à l’étranger.

Et après le doctorat ? J’ai été embauché en tant que jeune chercheur chez SIM Engineering afin de fournir un 1er prototype de logiciel de calcul reposant sur le modèle développé en thèse. Puis à l'issue de ce travail j’ai souhaité retourner dans le milieu académique en effectuant un « post-doctorat ». J’ai obtenu un poste au sein du LMFL (Laboratoire de Mécanique des Fluides de Lille) rattaché à Centrale Lille. J’ai alors pu travailler sur un sujet complètement différent : « l’étude expérimentale d’intéractions tourbillonnaires dans des écoulements de couche limite en soufflerie ». Ce travail a été très riche car j’ai appris tout le processus expérimental permettant de réaliser des mesures PIV (Particle Image Velocimetry) à partir de méthodes LASER et j’ai pu travailler sur des modèles de traitement d’image permettant la détection et la caractérisation de formes à partir de méthodes utilisées en intelligence artificielle (régression non linéaires, PCA …). A l'issue de ce post-doctorat j’ai pu intégrer en tant qu’ingénieur en Acoustique, l’équipe de WAVELY, qui est une entreprise développant des modèles IA ainsi que des capteurs acoustiques d’identification de sources sonores pour du monitoring.

Le mot de la fin ? Ma curiosité envers la recherche universitaire à été le moteur qui m’a permis de travailler dans de nombreux laboratoires de recherche. A chaque fois, j’ai été conforté à l’idée de faire un doctorat. Ces 3 années de thèses ont été une expérience unique, intense en rencontres et qui m’a fait parcourir tout le spectre émotionnel. Toutefois, 3 années, cela peut être très long, et il faut pour cela bien réfléchir en amont à l’attrait porté au sujet ainsi qu’à l’équipe d’encadrement. J’ai heureusement eu cette chance.

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