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Peux-tu nous présenter STP ton parcours et pourquoi as-tu décidé de faire une thèse ?
Je suis arrivé en France en 2017 avec un diplôme d’ingénieur en systèmes de télécommunications. J’ai ensuite fait un master recherche en Réseaux Optiques et Systèmes Photoniques à l’Université de Paris Saclay. J’ai travaillé pendant une année comme ingénieur recherche à Télécoms ParisTech avant de commencer une thèse de doctorat en 2019 à l’Université de Lille. Je tenais à faire un doctorat afin d’affiner mon expertise sur un sujet lié aux télécommunications optiques. Le master donne un certain niveau de spécialisation mais le doctorat permet d’aller encore plus loin en spécialisation. Ce que je recherchais, c’était de maitriser très bien une problématique précise. Aussi, j’étais curieux d’apprendre la méthodologie de recherche.
En quoi a consisté ta thèse en quelques mots ?
J’ai travaillé sur un sujet conjoint proposé par le laboratoire PhLAM (Physique Laser Atomes Matières) et l’IEMN (Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologies) de Lille. La problématique portait sur l’association de technologiques photoniques et radiofréquence pour des transmissions à 100 Gbit/s. Plus concrètement, mon travail a établi la preuve de concept montrant que des transmissions à 100 Gbit/s étaient possibles avec des émetteurs opto-RF innovants (tirant partie du multiplexage spatial) opérant autour de 300GHz. Ce type de technologie pourrait faire partie des prochaines générations de réseaux mobiles, notamment la 6G. En raison de la course aux débits et du foisonnement des applications nécessitant des faibles latences, cet axe de recherche est appelé à devenir de plus en plus important.
Qu’est-ce que la thèse vous a apporté ?
Le moins que je puisse dire est que les 3 années de thèse ont été aussi bien challengeantes qu’exaltantes. La thèse m’a permis d’investiguer le champ de la photonique THz qui m’était jusqu’alors inconnu. Je me suis aussi initié à la recherche en laboratoire car avant la thèse j’avais effectué peu de travaux en laboratoire. L’autre bénéfice de la thèse, ce sont les compétences transversales développées : capacité à s’approprier assez vite un sujet, management de projet, médiation scientifique, sens du détail, rigueur dans le raisonnement, recherche de solution optimale. Une de mes professeurs de master disait que la différence entre un docteur et un ingénieur porte sur le fait que devant une problématique donnée, le second cherche une solution tandis que le premier cherche la solution optimale.
Comment se préparer lors de sa thèse à la vie professionnelle en entreprise ?
La réussite d’une opération réside dans sa préparation. En cours de thèse, il est important pour le doctorant de penser à son insertion professionnelle. Il ne faut pas tomber dans l’erreur de finir la thèse avant d’étudier les possibilités d’embauche. Le premier choix c’est de déterminer si on veut aller en entreprise ou rester dans le monde académique. Si le choix est de travailler en entreprise, il faut définir le poste qui nous conviendrait : Recherche et Développement, Chefferie de projet, Gestion de produits, etc. Après quoi, le doctorant doit commencer à visiter les sites d’emploi pour connaître non seulement le champ des possibles mais aussi les compétences requises audit poste. Les discussions avec le directeur de thèse, les salons d’emploi, les forums et autres permettront au doctorant d’affiner sa vision. Mon principal conseil pour décrocher un emploi en entreprise est de montrer, pendant les entretiens d’embauche, qu’on est quelqu’un de pragmatique. Certains recruteurs pensent, à tort, que les jeunes docteurs manquent de pragmatisme.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
Premièrement, faire la thèse doit être un choix de conviction. L’étudiant qui arrive en thèse par hasard risque d’abandonner devant la pression et les difficultés inhérentes à la thèse. Deuxièmement, l’étudiant doit s’assurer de choisir un sujet qui le passionne. Il n’y a rien de plus ennuyeux que de travailler sur un sujet qui ne nous intéresse pas. Troisièmement, l’étudiant doit s’assurer que la thèse s’insère harmonieusement dans son projet de vie. Vu l’énergie que mobilise la thèse et les sacrifices qu’elle exige, il faut s’assurer de la cohérence de la thèse avec votre projet de vie global avant de vous y engager.