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Bâtir autrement, penser plus loin : et si l’impression 3D béton était le catalyseur de la construction du XXIe siècle ?


Mamadou Younoussa BARY
Mamadou Younoussa BARRY

Merci beaucoup pour votre témoignage.


Pourriez-vous nous présenter votre parcours académique et professionnel avant d'entreprendre votre thèse de doctorat, et ce qui vous a motivé à vous spécialiser dans l'impression 3D béton ?

Mon parcours académique a débuté en Guinée, à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, où j’ai obtenu une licence en Génie Civil entre 2015 et 2018. Cette formation m’a permis d’acquérir des bases solides en mathématiques, mécanique, science des matériaux et résistance des structures. Désireux de renforcer mes compétences et d’explorer de nouveaux horizons, j’ai poursuivi mes études en France, à l’Université Bretagne Sud, où j’ai validé une seconde licence, suivie d’un Master en Génie Civil et Maîtrise de Projet. Dès le Master 1, je me suis orienté vers la rhéologie des matériaux cimentaires, à travers un stage de recherche aux laboratoires IRDL et LCBTP sur la valorisation des sables concassés dans les bétons. Cette première expérience de recherche a consolidé mon intérêt pour les matériaux et leur comportement en phase de mise en œuvre.

Au cours du Master 2, je me suis spécialisé dans l’impression 3D béton et la rhéologie avancée. J’ai mené des travaux de recherche au laboratoire IRDL portant sur la caractérisation de matériaux colloïdaux et le développement de modèles prédictifs via des méthodes numériques. Ces recherches m’ont permis de mieux appréhender les enjeux liés aux procédés de fabrication additive appliqués au secteur de la construction, et m’ont progressivement orienté vers une approche innovante de l’ingénierie des matériaux.

Ma motivation pour me spécialiser dans l'impression 3D béton découle de la convergence entre mon intérêt pour les technologies de pointe, ma passion pour la rhéologie des matériaux cimentaires, et les défis posés par cette technique émergente. L'impression 3D béton soulève des problématiques complexes en matière de contrôle qualité, de prédiction des propriétés mécaniques et de durabilité des structures, qui m’animent particulièrement. C’est donc naturellement que j’ai entamé, en octobre 2022, une thèse de doctorat à l’Université Bretagne Sud, portant sur le développement de jumeaux numériques pour l’impression 3D béton. Ce projet vise à créer un lien robuste entre les paramètres du procédé d’impression et les performances finales des ouvrages, dans une perspective d’innovation durable et performante pour le secteur de la construction.


Quels ont été, jusqu’ici, les moments les plus marquants de votre parcours doctoral ?

Parmi les moments les plus marquants de mon parcours doctoral, je retiens avant tout ma participation à la conférence Digital Concrete 2024 à Munich, où j’ai eu l’honneur de présenter mes travaux sur l’instrumentation de la buse d’extrusion pour le contrôle qualité en impression 3D béton. Ce fut une reconnaissance importante de mes recherches et une opportunité précieuse d’échanger avec des experts internationaux, renforçant ma confiance et mon ouverture sur les enjeux scientifiques actuels du domaine. Un autre moment fort a été mon engagement dans la vulgarisation scientifique, notamment lors de la Fête de la Science à l’Université Bretagne Sud. J’y ai pu partager ma passion avec le grand public, expliquer de manière accessible les enjeux de l’impression 3D béton, et valoriser la recherche comme outil de transformation sociétale. Ces expériences ont donné du sens à mon travail, en le reliant à la fois à l’innovation technologique et à la transmission des savoirs.


Quels sont les principaux défis techniques et scientifiques que vous rencontrez dans votre recherche sur les jumeaux numériques pour l'impression 3D béton, et quelles innovations espérez-vous apporter à ce domaine ?

Ma recherche sur les jumeaux numériques pour l'impression 3D béton s’attaque à plusieurs défis scientifiques majeurs, notamment la complexité des interactions entre les paramètres du procédé (vitesse, extrusion, température), les propriétés du matériau et les conditions environnementales. L’un des objectifs clés est de prédire avec précision les performances en service des structures imprimées, tout en assurant la robustesse et la durabilité des modèles numériques développés. Cela nécessite une approche intégrée mêlant modélisation avancée, instrumentation et validation expérimentale rigoureuse. Pour y répondre, j’ai mis en place plusieurs innovations : l’instrumentation de la buse d’extrusion avec des capteurs de charge pour un contrôle qualité en ligne, le développement d’un modèle prédictif avancé, et l’impression 3D en conditions environnementales contrôlées. J’ai également participé à des projets appliqués, tels que la conception de modules en mortier pour la biodiversité portuaire, et l’intégration des données du jumeau numérique dans des outils BIM comme Revit. Ces travaux visent à renforcer la fiabilité, la durabilité et l’adoption de l’impression 3D béton dans le secteur de la construction.


Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune étudiant(e) guinéen(ne) souhaitant faire une thèse à l’international, en particulier dans le domaine du génie civil ?

À un(e) jeune étudiant(e) guinéen(ne) souhaitant faire une thèse à l’international, je dirais d’avoir confiance en son potentiel et de ne pas hésiter à viser l’excellence. Il est essentiel de bien s’orienter en choisissant un sujet de recherche qui fait sens et qui peut avoir un impact réel, notamment dans un domaine aussi stratégique que le génie civil. Une thèse est un engagement de long terme qui demande de la rigueur, de la passion et de la persévérance. Le choix du laboratoire, de l’équipe encadrante et de l’environnement scientifique est également crucial pour s’épanouir dans ce parcours exigeant.

Faire une thèse à l’étranger, c’est aussi s’ouvrir à d’autres cultures académiques et apprendre à évoluer dans un contexte international. C’est une expérience intellectuelle et humaine extrêmement enrichissante, qui peut devenir un véritable levier de transformation. À long terme, ces compétences acquises peuvent être mises au service du développement en Guinée, dans des secteurs tels que les infrastructures, l’habitat durable ou la construction innovante. Une telle aventure, bien préparée et bien accompagnée, peut faire de chaque doctorant un acteur clé du changement.

 

 

 

 

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