D’étudiant en Génie Civil à l’IUT à Enseignant-Chercheur en énergie à l’IUT.
- Alexandre Malley-Ernewein

- 2 oct.
- 6 min de lecture

Merci beaucoup pour votre témoignage
Pouvez-vous nous présenter votre parcours et pourquoi avez-vous décidé de faire une thèse ?
Mon parcours est très classique : comme je ne savais pas quoi faire après le lycée, je me suis inscrit à la faculté de biologie de Strasbourg, car c’était ma matière préférée à l’époque. Si j’ai validé ma première année de licence tout juste avec une moyenne de 10.00, j’ai arrêté la L2 après quelques semaines car je ne m’y retrouvais pas. J’ai tout de même continué à assister au cours qui m’intéressaient ; en parallèle j’ai fréquenté le Centre d’Information et d’Orientation (CIO) de Strasbourg pour réfléchir à la suite de mes études.
Les échanges avec les agent.es du CIO m’ont permis de me poser les bonnes questions pour trouver une formation en adéquation avec mes envies et mon profil. Je me suis ainsi inscrit en DUT Génie Civil (ancêtre du BUT Génie Civil Construction Durable) à l’IUT d’Illkirch-Graffenstaden, à côté de Strasbourg. En effet, le monde de la construction m’intéressait ; j’ai toujours aimé les maths et la physique et, en plus, cette formation offrait un large horizon de débouchés : de la conduite de chantier à la conception énergétique des ouvrages en passant par l’étude de prix avec la possibilité de travailler directement en sortie de DUT ou de continuer en Licence ou Ecole d’Ingénieur.
Une fois en DUT, les stages et les enseignements m’ont naturellement orienté vers l’option Maitrise Energétique et Environnementale et la poursuite d’étude. J’ai ensuite intégré l’INSA de Strasbourg en formation initiale du parcours Génie Climatique et Energétique. Je me suis orienté vers le doctorat en fin de parcours à l’INSA et plutôt par « élimination » : j’ai pu voir pleins de métiers et de structures différentes en stage (conduite de travaux, différents bureaux d’études), je me suis éloigné des métiers qui ne me correspondaient pas. Je connaissais de loin le monde de la recherche, il ne me faisait pas « peur » car mes parents ont tous les deux un doctorat. Ainsi, j’ai fini mon parcours à l’INSA par un stage de fin d’étude de 6 mois au sein du laboratoire de recherche sur la géothermie à KTH, l’Institut Royal de Technologie de Stockholm. Ce dernier stage m’a persuadé de continuer dans la recherche et j’ai postulé sur des sujets de thèses en lien avec l’énergie, les systèmes énergétiques et l’énergétique du bâtiment.
J’ai postulé à plusieurs offres de thèses et j’ai finalement eu la chance d’être recruté par Sylvie Lorente et Stéphane Ginestet en tant que doctorant au Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions de Toulouse (LMDC).
Quelle est l’histoire de votre thèse en quelques mots ?
Ma thèse portait sur l’utilisation de la loi constructale pour concevoir des réacteurs de stockage d’énergie thermochimique. La loi constructale est une loi de la physique énoncée par Adrian Bejan en 1996 : pour qu'un système fini puisse persister dans le temps, il doit évoluer de manière à offrir un accès facilité aux flux qui le traversent. La méthodologie qui en découle permet de concevoir, de prédire les configurations de systèmes en fonction des flux qui le traversent et de ses contraintes. Le stockage d’énergie thermochimique, c’est le concept d’utiliser une réaction réversible entre un solide et un gaz pour stocker et déstocker de la chaleur. Son principal avantage est d’avoir une densité énergétique élevée et un temps de stockage très long.
Cette thèse était financée dans le cadre d’un projet de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), ce qui m’a permis de voir le fonctionnement de ce genre de projet collaboratif, ici entre trois laboratoires. J’ai aussi eu la chance de faire un semestre à l’étranger lors de celle-ci, au sein de l’Université de DUKE en Caroline du Nord, auprès de l’équipe de recherche d’Adrian.
Après votre thèse, quel a été votre parcours ?
J’ai soutenu ma thèse en décembre 2019, trois ans et quelques mois après l’avoir commencée. Après ma thèse, je voulais continuer dans cette dynamique : c’est-à-dire d’aller voir d’autres choses (d’autres personnes, d’autres façons de faire de la recherche, d’autres structures), pourquoi pas à l’étranger. Du coup, je suis parti à l’Université de Villanova en Pennsylvanie pour un court contrat de postdoctorat (postdoc) de 6 mois en janvier 2020. Malheureusement, la crise sanitaire liée au COVID-19 m’a fait revenir plutôt, et, quand je souhaitais continuer à faire des postdocs à l’étranger, l’incertitude liée à la crise et le fait qu’il n’y avait pas encore de vaccins ont bouché toutes les perspectives.
J’ai eu la chance d’être recruté dans mon laboratoire d’alors, le LMDC, deux années de suite en tant qu’Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) puis à nouveau 6 mois en postdoc. Je dis que j’ai eu de la chance car un poste d’ATER peut être compliqué à gérer pour un jeune chercheur entre les cours à préparer et donner, s‘intégrer dans un projet de recherche et souvent aussi déménager. Mais pour moi, j’ai continué à donner les mêmes cours que lors de ma thèse et j’ai pu participer à un projet de recherche avec la même équipe et sur des aspects expérimentaux du stockage d’énergie thermochimique.
Durant ces 3 ans, j’ai postulé à des postes de maître de conférences (MCF) en France dans le domaine des systèmes énergétiques des bâtiments. Début 2023, un poste a été ouvert dans mon laboratoire actuel, le Centre d’Energétique et de Thermique de Lyon (CETHIL), au sein de l’équipe de recherche sur le stockage d’énergie avec laquelle j’ai collaboré sur mon projet de thèse. J’ai passé le concours au printemps 2023, que j’ai obtenu : depuis septembre 2023 je suis MCF au département Métiers de la Transition et de l’Efficacité Energétiques (MT2E) de l’IUT de l’Université Claude Bernard Lyon1 (UCBL) !
Quels conseils à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?
De foncer ! La thèse est un moment de « liberté », dans le sens où on va se consacrer quasiment exclusivement que sur la recherche avec beaucoup d’émulation intellectuelle. Ça permet d’approfondir un sujet et d’en devenir un expert, que l’on souhaite ou non continuer dans la recherche après la thèse.
Par contre, je dirai qu’il faut bien se renseigner avant d’accepter une offre de thèse. Premièrement, il faut être sûr que les conditions matérielles sont remplies ; c’est-à-dire avoir un salaire décent d’assuré pendant la durée totale de la thèse – ce qui est généralement le cas en sciences dites « dures ». Deuxièmement, il ne faut pas hésiter à contacter des personnes qui sont passées par le laboratoire d’accueil de la thèse pour avoir des informations sur son « atmosphère » ; la relation doctorant-encadrant est très importante.
Quels conseils donneriez-vous à un(e) futur(e) docteur(e) souhaitant poursuivre une carrière académique ?
De bien y réfléchir, de peser le pour et le contre, d’avoir un plan B !
En effet, la situation de l’université en France est ce qu’elle est, et elle va continuer à se dégrader. Il y a toujours des postes ouverts au concours mais il y en a peu ; les conditions ne sont pas idéales et varient beaucoup d’un domaine à un autre, d’une université à une autre. Le parcours qui existait il y a 20-30 ans, c’est à dire obtenir un poste 1 ou 2 ans après la thèse, est maintenant très rare. La moyenne tourne plutôt autour de 4 ans en sciences dites « dures » et plus en sciences humaines et sociales.
Je pense qu’il faut se mettre des limites : on avait décidé, avec ma compagne, que je tentais ma chance pour des postes de MCF pendant 4 ans après la thèse (la durée de la qualification CNU – Conseil National des Universités). J’avais des plans B grâce à mon réseau, notamment d’école d’ingénieur, pour postuler dans la fonction publique territoriale ou en R&D industrielle si je ne trouvais pas de poste.
Pour finir, pour moi, le plus important c’est d’avoir de la chance : j’ai eu la chance que ma vie personnelle ait suivi ma vie professionnelle (ma compagne m’a toujours soutenu et elle m’a suivi au grès de mes postes d’Alsace à Lyon en passant par Toulouse) ; le poste sur lequel je suis actuellement a ouvert la dernière année que je me laissais, dans une équipe de que je connaissais via mon projet de thèse et il a ouvert parce que le titulaire à eu un soucis personnel.





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