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Lena ANDRIOLO, Chef de projet à la R&D d’EDF et présidente d’IYNC



Merci d'avoir accepté l'interview

Pourriez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a motivé à faire une thèse ?

Après 2 années de classes préparatoires en physique chimie, j’ai intégré l’école d’ingénieurs Grenoble-INP PHELMA, pour y suivre l’option génie énergétique et nucléaire. J’y obtiens également un master en Energétique Physique. J’ai toujours été attirée par les sciences et à la suite de mon stage de fin d’études au CEA Cadarache, j’ai fait le choix de m’orienter vers une thèse, afin d’approfondir mes connaissances dans le nucléaire, un domaine qui me passionne. De par ma culture franco-allemande, j’ai eu envie de retrouver un environnement plus international et de partir dans mon deuxième pays : l’Allemagne. J’ai été recrutée au Karlsruhe Institute of Technology (KIT), où l’on m’a proposé un contrat d’ingénieur-chercheur et de faire ma thèse en parallèle. En Allemagne cela se fait beaucoup : on est employé à temps plein, pour travailler sur plusieurs projets et l’un d’entre eux est la thèse. Cela permet de se professionnaliser doublement. J’y ai travaillé 5 ans sur la simulation des accidents graves dans les réacteurs à neutrons rapides, en lien avec de nombreux laboratoires et R&D partenaires du KIT à l’international.

En 2016 je décide de rejoindre la R&D d’EDF, avec laquelle j’avais eu l’opportunité de travailler durant mes années au KIT, en tant qu’ingénieur-chercheur. J’y suis en charge de développements et simulations pour les accidents graves dans les réacteurs à eau pressurisée et ceux de génération IV, refroidis au sodium, avant d’évoluer vers un nouveau poste en 2021. En parallèle, je m’engage en 2014 dans l’associatif, toujours en lien avec le domaine nucléaire, au sein de l’International Youth Nuclear Congress ou IYNC. C’est une ONG à but non lucratif qui regroupe les jeunes générations nucléaires de 46 pays et qui a pour mission principale d’assurer le partage de connaissances et de compétences dans le domaine nucléaire entre générations à l’échelle mondiale.


Quel poste occupez-vous actuellement et comment votre thèse vous a-t-elle aidée jusqu’ici ?

J’ai toujours cette double composante vie professionnelle/vie associative. En effet, je manage actuellement un projet sur la gestion des déchets radioactifs à la R&D d’EDF et suis désormais présidente d’IYNC. Dans les deux cas, je me sers encore aujourd’hui des compétences et des expériences développées lors de ma thèse. Outre le fait d’approfondir mes connaissances techniques, cette dernière m’a en effet permis d’acquérir une manière de travailler différente et complémentaire à celle de mon diplôme d’ingénieur. C’est bien une formation par la recherche, qui nous permet de savoir comment aborder un problème technique, l’analyser et mettre en place les étapes nécessaires pour le résoudre. On y consolide sa rigueur scientifique et l’esprit critique qui sont nécessaires en R&D. La thèse m’a aussi permis d’avoir un réseau très international et de cultiver mon ouverture d’esprit, un point clé si l’on souhaite se maintenir à l’état de l’art et qui m’est également très utile au sein d’IYNC. Enfin, la thèse permet de tester sa résilience et sa capacité d’adaptation : on fait mieux face aux imprévus !


La composante internationale parait être le fil conducteur de votre parcours professionnel et associatif, est-ce que la thèse l’a exacerbé ?

Effectivement, grâce à mon environnement familial j’ai toujours été à l’aise et intéressée par les milieux multiculturels. Le fait d’avoir réalisé ma thèse à l’étranger, dans une équipe cosmopolite et pluridisciplinaire l’a clairement exacerbé. C’est stimulant de pouvoir confronter ses approches et ses idées avec ses pairs : chacun, de par son parcours et sa culture, aborde les sujets différemment et apporte une vision nouvelle. J’en observe également les résultats positifs tous les jours au sein d’IYNC : il n’est pas toujours simple de s’adapter à la diversité des approches et des cultures mais c’est extrêmement enrichissant et un moteur d’innovation.


Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?

La thèse, c’est a minima 3 années d’engagement, il y aura des moments difficiles mais cela en vaut clairement la peine ! C’est un moment dans son parcours professionnel qui permet de prendre du recul, de s’ouvrir vers l’international tout en étant à la pointe de son domaine. On voit souvent le doctorat comme une spécialisation, mais en réalité, c’est une expérience bien plus diversifiée. On devient certes expert de son sujet, mais il faut savoir le communiquer et donc adapter son discours en fonction du public visé. Il faut également pouvoir travailler en équipe. Ces compétences représentent un atout quelle que soit la suite du parcours professionnel. Et puis pour un parcours à l’étranger, le doctorat est primordial pour être reconnu par ses pairs. C’est aussi en thèse qu’on construit un réseau. En bref, la thèse est une expérience extrêmement enrichissante, alors profitez-en !

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