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Nargisse KHIARA, Ingénieure de Recherche chez Saint-Gobain


Merci d'avoir accepté l'interview.

  • Pourriez-vous présenter votre parcours ?

Après une scolarité réalisée dans des établissements français au Maroc jusqu’au baccalauréat, j’ai fait le choix de poursuivre ma scolarité en France. Après deux ans de classes préparatoires (MPSI/MP*), j’ai intégré l’Ecole Nationale des Ponts Paristech, dans laquelle je me suis spécialisée en mécanique des matériaux. En parallèle de ma dernière année d’école d’ingénieurs, j’ai réalisé un Master de recherche (M2) en science des matériaux et nano-objets à Sorbonne Université. J’ai effectué mon stage de fin d’études au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) Paris-Saclay, qui a ensuite débouché sur une thèse entre le CEA et l’Université de Grenoble Alpes, en partenariat avec l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve en Belgique. Ma thèse portait sur le comportement mécanique des matériaux au sein des réacteurs nucléaires. J’ai soutenu en 2021, et j’ai depuis intégré la R&D de Saint-Gobain.

  • Pourquoi avez-vous décidé d’effectuer une thèse ?

Le choix de la thèse a été le fruit d’une longue réflexion qui a commencé dès la première année d’école d’ingénieurs. En effet, en fin de première année, j’ai réalisé un stage en laboratoire à l’université RWTH en Allemagne, au cours duquel j’ai été pour la première fois confrontée à la recherche académique. J’ai tout particulièrement apprécié l’enthousiasme, la curiosité et l’originalité des propositions des chercheurs avec lesquels j’ai eu la chance de travailler, ainsi que leur solide socle scientifique.

Forte de cette première expérience, j’ai réalisé un deuxième stage en recherche, mais cette fois-ci en entreprise, au sein de la R&D de ArcelorMittal, afin d’avoir une idée plus claire de ce qu’est la recherche appliquée en entreprise. Cela m’a permis de me rendre compte qu’il était tout à fait possible de s’épanouir scientifiquement tout en répondant à des questionnements industriels concrets.

Ces deux expériences et les discussions que j’ai pu avoir avec les chercheurs et docteurs lors de ces stages, mais aussi dans mon école d’ingénieurs, ont ainsi éveillé en moi le désir de faire de la recherche, et donc de commencer par me lancer dans l’expérience de thèse. J’ai donc réalisé un master de recherche dans un domaine qui m’intéressait tout particulièrement : la science des matériaux. J’ai ensuite postulé à un stage de fin d’études qui a débouché sur ma thèse. J’ai fait le choix d’une thèse au CEA, car c’était pour moi le juste équilibre entre une thèse purement académique et une thèse industrielle.

  • Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?

Le choix de faire une thèse est une décision importante qui doit être dûment murie. Il est impératif de se poser la question : pourquoi veux-je faire une thèse. La thèse est un engagement sur une durée minimale de trois ans, et il faut s’assurer que l’on choisit cette voie pour les bonnes raisons : ce n’est pas qu’un moyen de prolonger ses études pour se laisser plus de temps avant de rentrer dans le monde du travail, ou encore une façon de faire plaisir à ses proches.

Avant de s’engager en thèse, je conseille aux étudiants de réaliser, au cours de leurs études, des stages en laboratoire académique ou industriel, ou à défaut des projets de recherche. Cela permettre d’avoir un premier aperçu de ce qu’est le milieu de la recherche, et peut-être même de nouer des premiers contacts avec des chercheurs et laboratoires.

Si possible, je conseille de postuler à des stages de fin d’études qui déboucheraient potentiellement sur une thèse, cela permet de se laisser quelques mois pour évaluer son intérêt pour le sujet, mais surtout, pour évaluer la compatibilité de l’étudiant avec l’équipe encadrante. En effet, je pense que l’un des points-clés de la réussite d’une thèse, au-delà même du sujet lui-même, est la bonne entente entre les encadrants et les doctorants, car la thèse est ponctuée de hauts et de bas. Je suggère notamment de ne pas hésiter à demander le contact d’actuels doctorants de l’équipe lors des entretiens.

  • Comment se préparer lors de sa thèse à la vie professionnelle en entreprise ?

Si l’on souhaite s’orienter vers le milieu de l’entreprise, plusieurs outils sont à la disposition du doctorant. Tout d’abord, de nombreuses formations sont proposées par les écoles doctorales. J’ai, par exemple, suivi diverses formations qui permettent de bien définir son projet professionnel et se préparer aux entretiens. J’ai aussi bénéficié d’un accompagnement personnalisé proposé par l’école doctorale pour préparer les entretiens. Par ailleurs, il est également possible de s’appuyer sur d’autres organismes, comme Association Bernard-Gregory (ABG), qui propose également des formations et accompagnements. En effet, il est impératif d’apprendre à prendre du recul sur son sujet de thèse et de prendre conscience des nombreuses compétences clés que l’on a développées pendant sa thèse, tant techniques que soft skills, pour pouvoir rendre son profil attractif vis-à-vis des recruteurs.

Il est également impératif de développer son réseau, en s’appuyant sur le réseau de son équipe encadrante, mais aussi en discutant avec les anciens docteurs de son laboratoire, ou même avec des chercheurs et intervenants industriels lors de conférences. Il existe aussi des forums dédiés au recrutement des doctorants (PhD Talent Career Fair, Caradoc …).

  • Quel poste occupez-vous aujourd’hui et en quoi votre doctorat vous est-il utile ?

Je suis actuellement ingénieure R&D à Saint Gobain Recherche Paris, au sein du département élaboration des verres. Je travaille notamment sur la formulation de nouveaux verres et sur la qualité du verre, avec pour visée la décarbonation des procédés verriers.

Ce sujet est donc assez éloigné du sujet de ma thèse, ce qui est chose assez commune dans le recrutement des jeunes docteurs. En effet, au-delà des compétences techniques apportées par la thèse, les atouts majeurs d’un jeune docteur sont à mon sens la rigueur de sa démarche scientifique, sa capacité à s’appuyer sur la littérature, sa capacité à collaborer avec d’autres chercheurs, mais surtout sa capacité à gérer un projet, et son adaptabilité face aux évènements imprévus. En effet, la thèse est parsemée de questionnements, de doutes et d’opportunités à saisir.

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