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Colette PEREZ, Ingénieur Chercheur chez EDF R&D



Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Quel est le parcours qui vous a orienté vers la thèse et la recherche ?

Mon parcours d’étudiante n’a pas été facile à tracer : du fait de ma curiosité, beaucoup de domaines m’intéressaient. A la sortie du collège, j’ai hésité entre devenir prof d’histoire-géographie ou bien astrophysicienne. Puis, à la sortie du lycée (Bac S-sciences de l’ingénieur), j’ai hésité entre une école d’art et une classe préparatoire intégrée physique chimie (CPI ECPM Strasbourg). Lorsqu’il a fallu choisir un stage en école d’ingénieur (INP ENSIACET Toulouse), j’ai voulu rejoindre la filière de l’aérospatial, avant de me diriger vers EDF et sa filière nucléaire où je suis finalement restée. Au fil de mes études, je me suis découvert une vocation pour un métier dans lequel il était possible de mettre à profit ma curiosité de toujours. La décision de poursuivre en thèse avec EDF et Mines Paris a longtemps été réfléchie, mais j’ai pris conscience que ce qui m’intéressait quotidiennement c’était de pouvoir alimenter cette curiosité, de venir au travail avec des certitudes qui pourraient être chamboulés par de nouveaux résultats… Quoi de mieux, alors, que le monde de la recherche pour s’épanouir…. Les décisions à prendre sur des choix diamétralement opposés ont ainsi été une force, car je me suis orientée vers le métier qui correspondait à mon profil. Pour la collégienne que j’étais, le titre d’ingénieure de recherche n’avait rien d’évocateur. Il n’y a qu’en pratiquant ce métier que j’ai pu comprendre en quoi il consistait après m’être questionnée sur mes attentes et mes motivations face au monde du travail.


Quelles sont les forces d’une thèse industrielle sous financement CIFRE ?

Les thèses CIFRE sont financées par un industriel, EDF R&D dans mon cas. J’ai ainsi passé environ 80% de mon doctorat dans le laboratoire industriel et 20% dans le laboratoire académique. Cette répartition m’a permis d’appréhender le monde de l’entreprise, avec ses différents acteurs (techniciens, ouvriers, ingénieurs, chefs de projets, clients de la R&D, managers) et les relations scientifiques avec les universitaires…. Cela impose d’adapter son discours à chaque interlocuteur. La connaissance expérimentale et scientifique est pointue, mais il est nécessaire de prendre du recul sur les résultats selon à qui ils seront présentés. En outre, les thèses CIFRE permettent d’intégrer l’étude dans un contexte concret et industriel, ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant et motivant.


Comment se préparer lors de sa thèse à la vie professionnelle en entreprise ?

La difficulté principale d’un doctorant peut être de ne pas réussir à sortir la tête de son sujet. Il est important de s’intéresser à ce qui se fait autour de nous. A EDF R&D, par exemple, l’équipe dans laquelle j’ai évolué travaille sur des sujets différents. La curiosité a toujours du bon. Entre autres anecdotes : en discutant avec un collègue au détour d’un couloir, j’ai appris qu’il avait travaillé sur un sujet similaire en début de carrière, ce qui m’a permis de gagner énormément de temps. Par ailleurs, je pense qu’il est bon de mettre à profit ses années de thèse pour réussir à développer et améliorer ses compétences transverses : sa curiosité, sa rédaction, sa communication, son esprit de synthèse, voire ses capacités d’encadrement et de transmission de savoir (concours ma thèse en 180s, encadrement de stage, par exemple, etc…). Ces qualités sont importantes et recherchées dans le monde de l’entreprise.


Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?

Je pense qu’il ne faut pas se lancer dans une thèse sur un coup de tête. Beaucoup de doctorants (et de docteurs) diront que la thèse ce n’est pas toujours facile : c’est un marathon. Il faut s’y être préparé mentalement, car la troisième année peut être compliquée surtout pour ceux qui appréhendent la rédaction. Mais la thèse c’est une très belle aventure, scientifique et humaine. Si je ne devais donner qu’un seul conseil, ce serait le suivant : accordez-vous des vacances, prenez du repos. Il vous en faudra pour réussir à prendre du recul sur vos résultats, pour réussir à rester motivés tout du long. Ne sacrifiez pas ces temps-là, ils sont tout aussi importants pour la qualité de ces trois années que votre temps de travail.

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