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Etienne MONTET, Chef de projet Chimie du Bois - Energie, Xylofutur



Merci d'avoir accepté l'interview.


Qu’est-ce qui vous a motivé à démarrer une thèse sur le sujet du papier et quelles étapes vous ont conduit à ce choix ?

Au-delà de la blague répétée par mes amis que j’étais un « doctorant en carton » (j’ai réalisé ma thèse sur l’optimisation d’un procédé de blanchiment vert de pâtes kraft), j’ai toujours été intéressé depuis mon enfance par le thème de l’environnement, étant fils d’ingénieur agronome et de sylvicultrice. Par la suite, je me suis passionné pour la chimie et les procédés de transformation. Ainsi, après des classes préparatoires PCSI / PC à Bordeaux, j’ai intégré l’école généraliste Centrale Marseille, puis je suis parti en double-diplôme à l’étranger (DTU – Danemark). Ces deux années passées à Copenhague, Vancouver, et dans le Maine (USA) ont marqué un tournant dans ma vie, avec une ouverture tout azimut aux niveaux personnel et professionnel. Moi qui pensais continuer en tant qu’ingénieur procédés à la suite de mes stages réalisés en usines (bioéthanol et kraft), j’ai finalement pris goût au travail de recherche lors de mon mémoire de master à l’University of Maine. C’est là-bas que mon tuteur de mémoire m’a recommandé celui qui est devenu mon directeur de thèse la même année… C’est donc logiquement que j’ai commencé cette thèse, financée par l’ADEME et par des entreprises du secteur papetier, et donc très proche de la réalité industrielle avec un impact direct des résultats de thèse pour rendre le monde (un poil) plus soutenable. J’ai donc pu ainsi concilier mes attraits pour la recherche et pour le concret.


Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite se lancer dans une thèse ?

Le plus important est de se sentir vraiment intéressé par le sujet de thèse. Ensuite, tout autant important est d’avoir un bon « feeling » avec son directeur ou directrice de thèse. Les doctorant.e.s qui finissent écœurés par leur thèse, parfois dès la première année, sont ceux ou celles qui ne voient pas d’intérêt aux principes de base de leur sujet de thèse, ou bien qui ont un encadrement qui se déroule mal (ou bien inexistant !). Si ces deux ingrédients sont réunis, normalement la thèse sera une recette réussie, avec de beaux moments à vivre durant 3 ans et l’occasion unique d’avoir une liberté énorme dans sa façon de mener son travail.


Est-ce que la thèse a impacté votre vie personnelle ? Dans quelle mesure ?

Le plus pénible durant une thèse est de subir des remarques venant de personnes extérieures, du type : « ce n’est pas un vrai travail » ou bien « moi je connais un doctorant, il commence à 11h00 et part à 16h00, tranquille la vie ! ». Ceci est vrai pour certains mais ne représente en aucun cas l’ensemble des doctorant.e.s. Chaque thèse est unique, comme chaque doctorant.e est unique. Souvent, le volume de travail est directement lié au moral et à la motivation du moment : il y a des hauts et des bas durant ces 3 années, c’est inévitable. Les moments de « down » sont rageants et parfois trop longs, mais ils sont totalement compensés par les moments de jubilation extrême où l’on a envie de crier Eureka un dimanche soir car une idée vient subitement d’éclairer notre cerveau en continuelle macération intellectuelle pour répondre aux questionnements accumulés depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois !

Alors forcément, des fois on s’implique trop, on veut « rattraper son retard » au détriment de ses amis ou de sa famille. On me l’a souvent reproché : de ne pas être « présent » car songeur, en perpétuelle réflexion, ou bien simplement en stress. Avec le recul, je pense que je n’aurais pas dû travailler certains week-ends, car c’est souvent contre-productif au final… Il est donc utile de se fixer des horaires et de s’y tenir.


Quel poste occupez-vous aujourd’hui et en quoi votre doctorat vous est-il utile?

Je suis aujourd’hui chef de projet chimie du bois & énergie dans un pôle de compétitivité. Mon rôle est d’accompagner des projets innovants dans la filière forêt-bois-papier. Je suis satisfait de travailler dans une structure publique car nous venons soutenir des projets qui dans l’extrême majorité des cas viennent décarboner les activités des entreprises, ou bien amorcer leur transition écologique. En école d’ingénieur puis en thèse je n’ai que trop rarement entendu parlé de toutes ces structures publiques qui recrutent des ingénieurs / docteurs et qui proposent des postes intéressants : instituts technologiques & centres techniques, agences, clusters, pôles de compétitivité…

Ce métier est totalement complémentaire de la thèse car il me sort la tête du cadre du sujet de thèse pour emmagasiner des connaissances sur toute une filière et sur toutes les innovations technologiques qui la concernent : c’est passionnant ! De plus, les compétences acquises en thèse (autonomie dans le travail, persévérance, aptitude à creuser un sujet technique, lecture bibliographique…) me sont utiles au quotidien.

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