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Romain HORSIN-MOLINARO, PhD in Applied Mathematics, French and European Patent Attorney



Merci beaucoup d'avoir accepté l'interview.


Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

Au lycée, j’ai commencé à aimer les mathématiques et à travailler réellement cette discipline. Après le BAC, je me suis donc naturellement tourné vers des études en mathématiques. Deux années de licence à l’université Paris-Sud, puis je suis rentré à l’Ecole Normal Supérieure sur dossier, comme étudiant au département de mathématiques. J’y ai terminé ma licence et y ait obtenu mon M1. Je me suis progressivement intéressé à l’analyse, aux équations aux dérivées partielles, et à l’analyse numérique. J’ai donc poursuivi avec un M2 Mathématiques de la Modélisation à l’UPMC.

J’ai fait mon stage de M2 avec Erwan Faou, que j’avais eu comme professeur à l’ENS, et Frédéric Rousset, que j’avais eu comme professeur en M2. Ils m’ont donné l’opportunité de poursuivre avec une thèse, sous leur direction, dans la lignée de mon stage de M2. Je suis donc parti faire cette thèse à Rennes 1 (où travaillait Erwan), avec pour sujet les aspects théoriques et numériques de l’amortissement Landau pour des équations de type Vlasov. En parallèle de ma thèse, j’ai passé l’agrégation de mathématiques.

Après ma thèse, je pensais faire un post-doc en Data Science (j’en avais a priori trouvé un). Dans les dernières semaines de la thèse, je regardais néanmoins ce qui se faisait hors du domaine académique, dans l’industrie par exemple. Cela m’a conduit à consulter les offres d’emploi sur internet. Je suis tombé sur une offre du cabinet Bandpay & Greuter à Paris, qui est un cabinet de conseil en propriété industrielle. A l’époque, le cabinet cherchait quelqu’un à l’aise en mathématique pour un poste d’Ingénieur Brevets, pour s’occuper principalement de la rédaction et du suivi de demande de brevets protégeant des inventions implémentées par ordinateur et souvent ayant une forte composante mathématique. Quelques jours après ma soutenance de thèse, je candidatais, et après plusieurs entretiens, j’étais pris pour le poste, que j’ai accepté.


C’est un débouché inhabituel et inattendu. Qu’est-ce qui vous a fait vous diriger vers ce poste d’ingénieur brevets ?

J’ai fait un premier entretien avec les deux associés fondateurs du cabinet. Au cours de cet entretien, je leur ai demandé pourquoi ils avaient besoin de quelqu’un à l’aise en mathématiques : je ne connaissais rien aux brevets, et je pensais que cela demandait des compétences en droit, plutôt qu’un parcours scientifique ou technique. Les associés m’ont alors expliqué le métier et le poste proposé, qui, au moins au début, demandait en premier lieu de pouvoir comprendre les inventions, avant de rédiger et suivre les demandes de brevet. Et il se trouve que le cabinet est en particulier spécialisé dans le traitement des inventions très mathématiques et/ou informatiques (par exemple, inventions en Intelligence Artificielle ou en CAD), et recrutait donc entre autres des gens capables d’être à l’aise sur ces sujets. Pour faire simple, le poste demandait avant tout de pouvoir comprendre ces inventions, même si les compétences juridiques auraient été un plus. L’apprentissage du droit des brevets pouvait par la suite s’apprendre petit à petit, sur le tas dans un premier temps, puis par des formations et examens. Le poste m’a tout de suite semblé séduisant et original. Il offrait de bonnes perspectives et me permettait de garder contact avec les mathématiques, jusqu’à un niveau parfois poussé, tout apprenant quelque chose de complètement nouveau et différent pour moi (le droit des brevets). J’étais aussi attiré par la possibilité d’être au contact des dernières innovations. J’ai donc privilégié ce poste à un post-doc, fait les entretiens, puis obtenu le poste. Je suis content de mon choix. Près de cinq ans après ma soutenance de thèse, je suis toujours au cabinet Bandpay & Greuter. J’ai depuis ces (presque) cinq années été formé petit à petit au droit des brevets, jusqu’à récemment obtenir les qualifications (Mandataire Agréé près l'Office européen des Brevets et Conseil en Propriété Industrielle) permettant de représenter des clients devant l’Office Européen des Brevets et l’INPI.


Dans quelle mesure votre thèse a été un plus pour la suite de votre carrière ?

Mon sujet de thèse ne m’a pas resservi en tant que tel par la suite. Rédiger ou s’occuper de demandes de brevet, même lorsque cela implique la compréhension d’éléments mathématiques, est un travail assez différent du travail de recherche en mathématiques que j’ai pu faire pendant la thèse : je ne rédige plus de démonstrations, je ne code plus. Cela dit, faire des études poussées en mathématiques, jusqu’à la thèse, m’a sans doute donné un bagage solide dans cette discipline, me permettant aujourd’hui de pouvoir comprendre et traiter en un temps raisonnable des inventions ayant fréquemment une forte composante mathématique. Par ailleurs, la thèse forme également à la lecture et à l’analyse d’articles scientifiques, ainsi qu’à la rédaction d’éléments scientifiques/techniques. Ces aspects se retrouvent de façon importante dans mon métier actuel, et la thèse m’a donc bien préparé à cela. La thèse donne aussi une capacité à vulgariser qui semble assez utile dans mon métier : lorsque l’on rédige une demande de brevet, il est (à mon avis) souvent utile et bon de pouvoir restituer l’invention dans une formulation relativement accessible. Et puis, avoir un doctorat ne fait probablement pas de mal au CV !


Comme mot de la fin, vous recommanderiez donc à de jeunes étudiants de se lancer dans une thèse s’ils le peuvent?

Absolument, il me semble que cela n’apporte que du positif. Même dans des cas comme le mien où la suite de la carrière n’est pas forcément directement liée au sujet de thèse.

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